Au cinéma, les interactions entre image, son et texte sont incontournables. La typographie est partout : au générique, en sous-titres, dans les décors du film lui même ou encore sur les supports publicitaires telles que les affiches.
Et si on s'attardait sur le Futura de Paul Renner, une typographie très utilisée au cinéma ?
Plusieurs facteurs influencent le choix d'un caractère. La première question que se pose le cinéaste avant de choisir sa typographie est nécessairement : de quoi parle le film ? Toute typographie a un sens de par sa forme ou son histoire. La typographie choisie doit donc être dans la continuité de l'esprit du film. 
Sachant cela et puisqu'il est ici question du Futura, quelles sont les caractéristiques de cette typographie ?​​​​​​​
Revenons rapidement sur l'histoire du caractère Futura, dessiné par Paul Renner en 1927. Cette typographie fait partie de la famille des Linéales, c'est-à-dire qu'elle est dénuée d'empattements. Cette famille a connu son apogée dans les années 1920 au Bauhaus grâce à de nombreux designers tels que Herbert Bayer, Jan Tschichold ou encore Josef Albers. Paul Renner, alors directeur de deux écoles d'imprimeurs, va dessiner un alphabet qui se veut radicalement géométrique composé des trois formes utilisées au Bauhaus : le cercle, le carré et le triangle.
A l'origine peu lisible, le Futura se verra retravaillé petit à petit par Paul jusqu'à obtenir la forme qu'on lui connaît aujourd'hui. C'est son ami Fritz Wichert qui lui donnera l'idée de l'appeler ainsi. Le caractère Futura connu un grand succès qui lui valu d'être copié et recopié de nombreuses fois.
Connotée comme neutre et simple, le Futura sera utilisé en masse par les publicitaires dès les années 50 et deviendra incontournable dans les années 70. Des grands noms tels que Stanley Kubrick, Étienne Robial ou encore Wes Anderson vouent un véritable culte à cette typographie. Après quasiment un siècle d'existence, ce caractère reste malgré tout extrêmement moderne de par sa forme minimaliste. Il est dit objectif, ce qui le rend facile à utiliser sur différents supports.​​​​​​​
Alors pourquoi les cinéastes optent pour ce caractère en particulier ?
Lorsque l'on prend l'exemple de Wes Anderson qui utilise le Futura dans tous ses films, la réponse à cette question est plutôt évidente : la géométrie. Pour peu que vous ayez vu quelques films de Wes Anderson vous avez probablement remarqué son utilisation de la grille dans la composition de ses plans ainsi que la symétrie. Le Futura étant lui même un caractère géométrique, son association aux images d'Anderson coule de source.  Au générique d'ouverture ou dans les crédits, sur un panneau de signalisation ou en sous-titres, Wes Anderson semble apprécier la simplicité et la stabilité de ce caractère.
Si on regarde le film The Royal Tenenbaums, on se rend même compte que le Futura est utilisé sur quasiment tous les textes visibles. Les rares exceptions sont en Helvetica d'un côté, qui est une typographie très semblable au Futura, et un livre supposé écrit par Etheline (femme de Royal Tenenbaum) est en Milano.
Wes Anderson n'est pas le seul cinéaste à utiliser cette typographie dans ses œuvres. On la retrouve en ouverture des films de David Fincher, dans Gone Girl en 2014 et dans The Social Network en 2010.
Le Futura est utilisé pour les crédits de début et de fin dans de nombreux films. Il est aussi beaucoup employé comme typographie secondaire pour les affiches de films. Utilisé pour différents styles et par différents réalisateurs, le Futura est-il dénué de caractère pour autant ? S'il se veut universel, il est tout de même porteur de sens. Les polices linéales comme le Futura sont perçues comme des typographies sérieuses, sobres et modernes tout en étant dynamique. Cette typographie a su au cours de son histoire véhiculer des images fortes comme on peut le voir avec les œuvres de Barbara Kruger ou encore dans Nuit et Brouillard réalisé par Alain Resnais.

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